mardi 14 octobre 2008

Quand Venus Express cherche de la vie sur Terre

Le titre de ce billet peu surprendre, et pourtant, c’est un nouveau programme de la sonde européenne Venus Express. Loin d’être un exercice inutile, la sonde est en train d’ouvrir la voie à une nouvelle ère en matière de recherche en exobiologie. Souvenez-vous, les scientifiques avaient déjà utilisés Deep Impact dans la même optique lorsqu’elle avait enregistré le transit de la Lune sur la Terre.

Première composition de la Terre par VenusExpress en 2005, peu après le lancement

Venus Express ne peut observer la Terre dans de bonnes conditions que deux à trois fois par mois. Grâce à des analyses spectrales dans le visible et le proche infrarouge, les chercheurs peuvent mettre en évidence la signature de telles ou telles molécules présentes dans l’atmosphère terrestre (repérées ici, CH4 : méthane ; N2O : protoxyde d'azote ; CO2 : dioxyde de carbone ; O3 : ozone ; H2O : eau).

Le but est de trouver la signature d’éléments dont la présence ne peut être liée qu’à une activité biologique. Sur Terre, c’est par exemple le cas de l’oxygène, mais on en trouve aussi sur Vénus (Ndr, comme de l’eau sous forme de vapeur) qui n’héberge pourtant pas la vie. Trouver ces éléments dans l’atmosphère d’une planète n’est donc pas suffisant pour en conclure qu’elle abrite potentiellement la vie. Il faut donc chercher d’autres molécules, d’autres signatures plus subtiles.

Les résultats sont superposées suivant l'orbite et le rapport d'exposition océans / continents

Quand Venus Express observe la Terre, elle ne la voit que comme un banal point blanc, qui occupe à peine un pixel de sa caméra. C’est probablement dans ces conditions que seront observées les premières exoplanètes, dont on sera capable de capturer la lumière (Ndr, la lumière de l’étoile parente réfléchie par l’exoplanète ; une planète n’émet pas de lumière).

Etudier la Terre depuis Vénus nous en apprendra donc beaucoup sur la manière dont il faudra observer les exoplanètes afin d'y détecter un signe d'activité biologique.

Source ESA/Venus Express

2 Commentaires:

Sammy a dit…

J'avais survolé cet article l'autre jour après qu'Olivier l'eut placé en lien dans sa revue, mais je n'avais pas tout compris. Là, j'ai pris le temps de tout lire et ça va mieux...

Par contre, j'ai une question : elle doit être super loin la sonde, pour que la Terre ne fasse qu'un pixel ?

Fred O Fenua a dit…

Au plus proche, Vénus et la Terre sont éloignées de 42 millions de km, au plus loin, 268 millions de km. VenusExpress n'est pas équipé de caméra haute résolution, parce que sa mission est d'étudier l'atmosphère de Vénus, pas sa surface uniquement accessible au radar étant donné l'épaisse couverture que représente son atmosphère très dense. Donc la sonde étudie Vénus dans sa globalité, pour faire simple.

Malgré des distances plutôt accessible à l'échelle du système solaire, les instruments de la sonde ne permettent pas d'effectuer des zoom suffisant pour "voir" la Terre plus grosse qu'un point blanc.

Si on mettait la sonde Cassini à la place de Venus Express, ce serait possible !